Le numérique responsable et le défi de l’illectronisme

Restitution des échanges de la TABLE RONDE / webinaire de SUN le 17 octobre 2023

Le numérique représente aujourd’hui 3 à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) et 2,5 % de l’empreinte carbone française. Elle pourrait augmenter de 60% d’ici 2040. Sans parler des autres impacts environnementaux sur les matériaux, l’eau, la biodiversité. Profitons de la lutte contre l’illectronisme pour maitriser cette empreinte.

Résumé des échanges de Dominique BIDOU (directeur du Dictionnaire du développement durable), avec Antoine DEFAIX (consultant IT chez NUAGEO), Stéphanie MORLAND (responsable Direction Transformation et Enjeux numériques, agglomération Paris-Saclay), Gilles BERHAULT (délégué général STOP Exclusion énergétique et Transitionneurs), Arnaud Della GASPERA (directeur du site Ecodair de Villebon-sur-Yvette), Dominique GIRARDOT (EDF R&D, chargé d’une mission sur le numérique responsable).

Notons toutefois que cette empreinte ne doit pas être analysée isolément des services rendus par le numérique. Celui-ci provoque de nombreuses économies dans d’autres domaines, et des effets très favorables pour l’effet de serre et des services bien utiles à ceux qui y ont accès. L’usage du numérique peut être un atout déterminant tant au point de vue environnement que sociétal, ce qui n’empêche pas de rechercher comment en réduire l’empreinte, et l’empêcher de s’envoler.

Celle-ci est due majoritairement au matériel utilisé, notamment les terminaux. Comment réduire leur impact ? Une première réponse se situe dans l’allongement de leur durée de vie, de manière à ne pas avoir besoin d’en fabriquer autant. La récupération et la réparation sont des clés déterminantes de cet enjeu, en plus de l’écoconception des matériels.

Notons que les unités de reconditionnement font souvent appel à des personnels en insertion ou en situation de handicap, ce qui permet d’apporter une double contribution, environnementale et sociale.

La maitrise des usages doit aussi permettre de maitriser le dimensionnement des data centers, qui consomment beaucoup d’énergie. Un data center consomme la même quantité d’électricité qu’une ville de 50 000 h. Dans le département de l’Essonne, on assiste à une multiplication des data centers. 18 giga centers sont en projet, dont la consommation correspond à la production d’un réacteur nucléaire.

Pour alléger la charge des réseaux, la modération des usages est à l’ordre du jour. Une consultation ERCEP ARCOM vient d’être lancée pour allonger la durée de vie des terminaux, pour aller vers la « sobriété environnementale face aux stratégies de captation de l’attention » des plateformes, diminuer les ressources informatiques mobilisées, et assurer la transparence sur l’empreinte environnementale des services numériques. La conception des applications doit y contribuer tout en favorisant l’accès du plus grand nombre aux services concernés, grâce à une meilleure lisibilité, une plus grande fluidité. Une attention particulière sera apportée à l’accès des personnes handicapées, ou maitrisant mal la langue française.

Le risque de l’exclusion est bien documenté : 1/3 des Français sont mal à l’aise face au numérique, et 15% en sont exclus, avec des effets cumulatifs du type précarité numérique / précarité énergétique. La lutte contre la fracture numérique suppose une animation adaptée à chaque public, ce qui demande une bonne coordination entre tous les acteurs, collectivités publiques, services publics, entreprises, associations. Une animation sur plusieurs points : l’accès au matériel nécessaire et son bon usage. Une animation qui, outre le volet numérique, permettra d’établir des liens sociaux, des réseaux d’entraide.